Le sonnet : "une machine à penser" ou "un petit tableau" ?






"Le Dormeur du val", Rimbaud


POESIE ET DECHIFFREMENT DU MONDE : lire Rimbaud et le Symbolisme, p. 351 (2de)


"Nature, berce le chaudement, il a froid"


POESIE ET ENGAGEMENT

Arthur Rimbaud, « Le Dormeur du val »

Poésies, octobre 1870.


C’est un trou de verdure où chante une rivière

Accrochant follement aux herbes des haillons

D’argent ; où le soleil, de la montagne fière,

Luit : c’est un petit val qui mousse de rayons.


Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue,

Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu,

Dort ; il est étendu dans l’herbe, sous la nue,

Pâle dans son lit vert où la lumière pleut.


Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme

Sourirait un enfant malade, il fait un somme :

Nature, berce-le chaudement : il a froid.


Les parfums ne font pas frissonner sa narine ;

Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine

Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit.



"Le sujet moderne ne peut plus se dire que dans la fracture et l'effacement et non plus dans l'effusion ou l'épanchement".

Commentez et illustrez, et éventuellement discutez cette affirmation d'un critique contemporain

POESIE et DE-CONSTRUCTION : de Rimbaud au Surréalisme...

à suivre...


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"I rouge, U vert"

"Voyelles", Rimbaud


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Rappel : la diaphore (ou antanaclase) est la répétition d'un mot dans un sens différent

("trou de verdure", "deux trous rouges")



La conglobation invite à une double lecture de ce poème

Le jeu avec le lecteur est provoqué par des effets de rupture qui appellent une deuxième lecture : cette stratégie du détour est favorisée par la double thématique caractéristique du sonnet.

La « conglobation » ingénieuse de cette forme fixe ( « inventio » et « dispositio »), avec ces effets de rupture et de continuité (convergence des effets) représente une manière de convoquer l’attention sur un sujets plus grave qu’il aurait semblé au premier abord.


"Les mots s'allument de reflets réciproques", Mallarmé


"L'art ne reproduit pas le visible, il rend visible", Paul Klee


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POESIE et ENGAGEMENT : ART et REVOLTE


I. Un tableau bucolique (un écrin de verdure) :


II. La mort d'un "enfant soldat" (un tombeau) : hommage ou révolte ?



"Un soldat jeune" : oxymore ?


Rimbaud transfigure un petit val débordant de vitalité pour rendre plus intolérable encore la présence insolite et macabre de cet enfant soldat abandonné par les hommes à qui seule la « Nature » offre un tombeau : son sonnet contaminé progressivement par la mort se révèle un chant de révolte sous forme de litote contre la folie meurtrière des hommes incapables de préserver la vie de leurs enfants.


Rimbaud semble peindre un paysage idyllique qui se révèle en fait un « tombeau » érigé en hommage à une jeune victime de la guerre franco-prussienne de 1870.

La « Nature » mise en scène comme dans « Mignonne, allons voir si la rose » et « Demain dès l’aube » de Victor Hugo pourrait paraître au lecteur un lieu idéal pour un rendez-vous galant. Mais l’enchantement de ce « petit val qui mousse de rayons » est étrange : le « trou de verdure » devient de plus en plus suspect avec la présence insolite de cet enfant-soldat qui dort la tête dans l’eau : « la nuque baignant dans le frais cresson bleu ». Le texte est de plus en plus contaminé par des effets destinés à inquiéter le lecteur (enjambements, répétitions : « dort », 3 x ) qui découvre que le seul élément de vie dans ce « tombeau » est la « Nature » personnifiée, une nature en fête trop exubérante, trop enchantée pour que le contraste avec l’inertie du soldat ne devienne pas intolérable, de même que la mise en scène allégorique qui amène la voix narrative à apostropher la mère « Nature » au discours direct pour lui demander de servir de mère à cet enfant sacrifié à la folie meurtrière de ses semblables : « Nature, berce le chaudement : il a froid ». Elle est seule à servir de « lit » au jeune homme ainsi que le révèle l’acrostiche du dernier tercet. La diaphore finale qui reprend et détourne la périphrase initiale sonne comme deux coups de feu dans ce sonnet où les euphémismes (« il dort », « Tranquille ») se révèlent litotes avec le gros plan final sur les blessures du soldat amplifié par l’allitération en « r » : « Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit. » Les indices macabres disséminés au fil de ce poème dramatique appellent une double lecture.


* la diaphore (ou antanaclase) est la répétition d'un mot dans un sens différent ("trou de verdure", "deux trous rouges") : "Le coeur a ses raisons que la raison ne connaît pas", Pascal, Les Pensées



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POESIE ET ENGAGEMENT : hommage et/ou révolte ?


Le sonnet de Rimbaud, « un tableau » et « une machine à penser"


EUPHEMISME ou LITOTE ?


LIT de VERDURE ou TOMBEAU ?


Arthur Rimbaud, « Le Dormeur du val »

Poésies, octobre 1870.


C’est un trou de verdure où chante une rivière

Accrochant follement aux herbes des haillons

D’argent ; où le soleil, de la montagne fière,

Luit : c’est un petit val qui mousse de rayons.


Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue,

Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu,

Dort ; il est étendu dans l’herbe, sous la nue,

Pâle dans son lit vert où la lumière pleut.


Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme

Sourirait un enfant malade, il fait un somme :

Nature, berce-le chaudement : il a froid.


Les parfums ne font pas frissonner sa narine ;

Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine

Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit.




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Le sonnet : un poème à forme fixe, mesure du temps ?




Le sonnet, "une machine à penser" de Ronsard et Du Bellay... à Rimbaud et à Alain Bosquet :



"Sonnets pour une fin de siècle"


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"Trouver le lieu et la formule", Rimbaud

de l'imitation des "Anciens" à l'innovation des "Modernes"

"il faut être absolument moderne", Rimbaud

parce que...

"Le temps lui-même est une forme", Roland Barthes





ENQUETE : les fonctions du poète et de la poésie

www.tempoedialectique.blogspot.com




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Le sonnet est « une machine à penser »


et le recueil de sonnets, pour Du Bellay, un « petit tableau »

(rivalisant avec notamment l’architecture).



LE SONNET : forme fixe précise et rigoureuse qui a survécu à toutes les vicissitudes de l’histoire littéraire.

Pétrarque l’a rendu populaire au XIVème siècle en Italie (1304-1374) : les Rimes, sonnets « laurentins » glorifient la beauté physique et spirituelle de Laure, évoquée au sein d’une nature harmonieuse.

Forme dense, rigoureuse, la mieux adaptée pour exprimer les sentiments amoureux (force, extension).

Au début du XVIème siècle, il s’exporte en Europe.

En France, les Rimes l’école de La Pléiade va véritablement reprendre le sonnet, lui donner ses lettres de noblesse et l’exploiter de manière systématique.

En 1549, La Défense et Illustration de la langue française de Du Bellay préconise le sonnet et le recommande aux jeunes poètes.

Du Bellay va imposer l’alexandrin dans Les Antiquités de Rome : l’alternance de décasyllabes et d’alexandrins est une tentative de concentration des modes d’expression (ou styles oratoires). En obligeant le recueil à prendre du sens par cette alternance, il lui donne une unité qui l’impose ainsi comme un ensemble poétique, un objet unique immédiatement accessible à l’œil ou à l’oreille. Car, du propre aveu de Du Bellay, le recueil devient un « petit tableau » rivalisant avec notamment l’architecture.


LA DOUBLE THEMATIQUE DU SONNET : cf. fiche p. 372


TERCETS :

1. De type élisabéthain : tercets/ rimes croisées- 2 dernières rimes suivies

2. tradition française : 2 rimes suivies – 2 dernières rimes croisées



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« La poésie n’est pas un ornement, elle est un instrument »

Commentez et illustrez cette affirmation 0de Victor Hugo à l'aide d'exemples précis.

Victor Hugo (cf. l’esthétique moderne de la préface de Cromwell ; « Réponse à un acte d’accusation », EAF 2005)




Baudelaire et le Symbolisme : "L'Albatros"

Lire : Le Symbolisme (p. 351)

Baudelaire, Mallarmé et Verlaine s'éloignent progressivement du Parnasse et inventent un nouveau lyrisme.

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Lire et relire "Correspondances"


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"L'Albatros", Baudelaire (poème à forme fixe proche du sonnet)

Texte 4 : Charles Baudelaire, « L’Albatros », Les Fleurs du mal , 1857.


Souvent pour s’amuser, les hommes d’équipage

Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers,

Qui suivent, indolents compagnons de voyage,

Le navire glissant sur les gouffres amers.


A peine les ont-ils déposés sur les planches,

Que ces rois de l’azur, maladroits et honteux,

Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches

Comme des avirons traîner à côté d’eux.


Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule !

Lui, naguère si beau, qu’il est comique et laid !

L’un agace son bec avec un brûle-gueule,

L’autre mime, en boitant, l’infirme qui volait !


Le poète est semblable au prince des nuées

Qui hante la tempête et se rit de l’archer ;

Exilé sur le sol au milieu des huées,

Ses ailes de géant l’empêchent de marcher.




« L’Albatros »
de Baudelaire se présente sous la forme d’une narration à la troisième personne comme le dernier sonnet du corpus, « Le Dormeur du val » de Rimbaud. La mise scène de ce qui ne semble être au début qu’un récit pittoresque de voyage sert en fait de point de départ et de tremplin à une comparaison explicite dans le dernier quatrain : « Le poète est semblable».

« Spleen et Idéal »
: en exil sur la terre, le poète se sent seul et incompris. Il exprime la révolte orgueilleuse de l’artiste par de nombreuses périphrases laudatives qui ne prennent tout leur sens qu’à partir de la comparaison du dernier quatrain où il explicite les métaphores filées de l’oiseau déchu de sa position dominante : « ce roi de l’azur », « Ce voyageur ailé », « prince des nuées ».

Exposé aux moqueries cruelles du « vulgaire », il est rendu vulnérable par les attributs qui lui permettaient l’envol : l’envergure de l’oiseau est soulignée par les enjambements de chaque quatrain composé d’une seule phrase et l’anacoluthe finale qui mime également sa déchéance et son infirmité sur la « scène » du navire par l’harmonie imitative de ce déséquilibre syntaxique :

« Exilé sur le sol au milieu des huées,

Ses ailes de géant l’empêchent de marcher. »

L’albatros, grâce à la double thématique de ce poème à forme fixe proche du sonnet, devient le symbole de la condition du poète.


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POESIE et DECHIFFREMENT DU MONDE : ART et ENGAGEMENT

Lire : Le Symbolisme (p. 351)

Baudelaire, Mallarmé et Verlaine s'éloignent progressivement du Parnasse et inventent un nouveau lyrisme.


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"Correspondances", Baudelaire


La Nature est un temple où de vivants piliers

Laissent parfois sortir de confuses paroles ;

L'homme y passe à travers des forêts de symboles

Qui l'observent avec des regards familiers.


Comme de longs échos qui de loin se confondent

Dans une ténébreuse et profonde unité,

Vaste comme la nuit et comme la clarté,

Les parfums, les couleurs et les sons se répondent.


Il est des parfums frais comme des chairs d'enfants,

Doux comme les hautbois, verts comme les prairies,

-- Et d'autres, corrompus, riches et triomphants,


Ayant l'expansion des choses infinies,

Comme l'ambre, le musc, le benjoin et l'encens,

Qui chantent les transports de l'esprit et des sens.


Baudelaire, Les Fleurs du mal, (1957)


« Correspondances », Baudelaire , Les Fleurs du mal, « Spleen et Idéal », 1857

(Hatier 1ère, p. 212, Nathan 2de, p. 41)

« Le Confiteor de l’Artiste », Baudelaire, Petits poèmes en prose (Le Spleen de Paris), 1862 (Hatier, p. 194)


Lecture intégrale : « Spleen et Idéal », Les Fleurs du mal, 1857-1862-1868 (Hatier, p. 365)


Le sonnet « Correspondances », au début des Fleurs du mal, est le type même du texte qui ouvre un « courant » , qu’on appellera plus tard le symbolisme*, sans pour autant donner naissance à un groupe puisque l’ « école » du même nom ne verra le jour que dans les années 1880. L’importance de ce poème tient au programme poétique nouveau qu’il énonce dès 1857 : le travail du poète est d’exprimer, grâce à ses images et à ses symboles, les « correspondances » sensorielles ou spirituelles qui peuvent redonner un sens à notre monde moderne si « confus ». [* Symbolisme : Nathan 2de, p. 43]

Cf. lettre de Baudelaire à Arsène Houssaye : influence d’Aloysius Bertrand (Hatier 1ère p. 196)

Le rôle du poète chez Victor Hugo, et encore chez Baudelaire, est d’être réceptacle du divin, de recueillir, de saisir intuitivement les mystérieuses correspondances entre le temporel et l’éternel, le fini et l’infini, le « Ciel » et la « Terre », d’écouter ce que Dieu, à travers par exemple le « Beau » et la « Nature », dit à l’homme ici-bas dans une système de correspondances verticales : « La Nature est un temple où de vivants piliers / Laissent parfois sortir de confuses paroles ; ».

"Victor Hugo a su exprimer par la poésie le mystère de la vie", Baudelaire

Toutefois, le symbolisme de Baudelaire remet en cause les notions de « Bien » et de « Beau » (cf. La Charogne »), ouvrant par là la voie à la modernité avec une poésie plus trouble, celle des « fleurs du mal » : le poète redéfinit « L’Idéal », son « idéal » où les aspirations élevées se mêlent à des considérations plus sensibles, plus subversives, un « idéal » plus complexe que celui qui invite à s’élever vers des principes supérieurs. Moins manichéen que celui de Victor Hugo, le symbolisme de Baudelaire est aussi une « poésie du mal » inspirée par le « spleen ». Le poète révolté, « maudit », est en proie à la double postulation, Dieu et Satan, le « spleen » et l’ « idéal ». L’ « idéal » baudelairien peut être celui qui correspond à une vision métaphysique avec les « vivants piliers » des « forêts de symboles » d’une « Nature » comparée à un « temple » (« est ») dans un système de correspondance verticale établi à partir de symboles qui permettent à Dieu de communiquer avec les hommes, le poète étant chargé d’interpréter les signes (« Tout est signe et tout signe est message », Proust) comme l’explique Victor Hugo dans « Fonction du poète ». Mais les « correspondances » de Baudelaire sont aussi horizontales (d’où le pluriel du titre de « Correspondances »), ainsi que le souligne la construction du sonnet avec le deuxième mouvement à partir de vers 8. L’aspiration vers l’« Idéal » imprégné de religion et d’idéaux élevés des poèmes plus désincarnés du début de la section « Spleen et Idéal » cède de plus en plus la place à une poésie du sensible, de la sensualité avec une « Nature » personnifiée (« le langage des fleurs et des choses muettes », « Elévation ») qui se fait moins réceptacle du sacré et interprète du divin qu’il y paraît dans un renversement fantastique annonciateur des Illuminations de Rimbaud (« Une fleur qui me dit son nom », « Aube ») : « L’homme y passe à travers des forêts de symboles / Qui l’observent avec des regards familiers. » Le symbolisme de Baudelaire est donc spirituel (métaphysique) et sensible, sensuel, partagé entre l’éblouissement de certaines évocations et l’amertume du retour au réel. Les « synesthésies » baudelairiennes établissent des correspondances verticales et horizontales, entre les différents sens : « Les parfums, les couleurs et les sons se répondent » dans « une ténébreuse et profonde unité ».

La poésie tourmentée de Baudelaire est surtout celle d’un poète en souffrance et en révolte , partagé entre les images de « gouffres » et d’ « abîmes » et l’aspiration vers ce qui lui permet à l’âme de s’élever, Dieu et Satan. Même si c’est un dieu terrible, Chronos (dans la mythologie grecque, le dieu cruel du Temps dévore ses propres enfants), qui a le dernier mot dans le dernier poème de la section « Spleen et Idéal » des Fleurs de mal avec le poème de « L’Horloge », la poésie de Baudelaire reste, comme celle de Victor Hugo incantation, chant sacré d’un « voyant » messager du divin, d’un démiurge déchiffreur du monde chargé d’établir un lien entre le Ciel et la Terre selon la tradition orphique : « Ecoutez le rêveur sacré », enjoint Victor Hugo.


« C’est cet admirable, cet immortel instinct du Beau qui nous fait considérer la Terre et ses spectacles comme un aperçu, comme une correspondance du Ciel. La soif insatiable de tout de qui est au-delà, et que révèle la vie, est la preuve la plus évidente de notre immortalité. C’est à la fin par la poésie et à travers la musique que l’âme entrevoit les splendeurs situées derrière le tombeau. » Baudelaire, Notes nouvelles sur Edgar Poe.

Le Symbolisme de Rimbaud (dans Une saison en enfer, « Alchimie du verbe », p. 213 ; les poèmes en prose des Illuminations, « Aube », p. 214) et de Stéphane Mallarmé (« Les mots s’allument de reflets réciproques », cf. p. 215) devient de plus en plus « sorcellerie évocatoire », le poète se fait « voleur de feu », « broyeur de poison » ; « alchimiste du verbe » selon les expression de Rimbaud, sans arrière-plan religieux. L’aspiration vers le haut, ce qui dépasse l’homme et le pousse à s’élever dans un élan d’enthousiasme poétique prométhéen (étincelle divine : l’enthousiasme n’est-il pas « avoir un dieu en soi » suivant son étymologie : « theos », dieu ?; « étincelle motrice et joyeuse », pour Proust), s’il ne se réfère plus explicitement comme chez Victor Hugo (qui était croyant) ou Baudelaire (marqué par son éducation chrétienne), à la religion et à un Dieu particulier, demeure tension vers le sacré, le « mystère » de la vie, dans une œuvre qui reste pour Mallarmé « musicienne du silence ». C’est peut-être pourquoi « les mots se lèvent avant leurs sens » pour René Char, chargés des mystères (divins ?) dont seul Orphée, le « rêveur sacré » a le secret…

(cf. Cocteau et l’importance du rêve et de l’inconscient pour les poètes surréalistes ; Jean-Baptiste Pontalis, Le Dormeur éveillé).

« J’ai seul la clé de cette parade sauvage », « Parade », Illuminations, Rimbaud (« Je suis maître du silence »).

Même si « on construit un poème comme une machine » déclare Edgar Poe, traduit par Baudelaire, la poésie garde son mystère (« Silence de l’œuvre qui parle, parole de l’homme qui écoute. » Roland Barthes), un mystère qu’il serait vain de réduire à une analyse des signes formels, fût-elle « méthodique » (cf. métrique et prosodie : la versification, p. 372). ..

Un poème ne se réduit pas comme une équation mathématique…


« L'art ne reproduit pas le visible, il rend visible », Paul Klee


Thèmes associés : la liberté et l’exotisme, l’évasion, le voyage intérieur ou extérieur ? (cf. le symbolisme de « L’Invitation au voyage » ) ; Lautoportrait du poète : « L’Albatros ».


Baudelaire, Les Fleurs du Mal (1857 – 1861 – 1868)

Dans l'un de ses projets de préface pour les Fleurs du Mal, Baudelaire écrit : " Il m'a paru plaisant, et d'autant plus agréable que la tâche était plus difficile, d'extraire "la beauté" du Mal" *

cf. « une souffrance positive » ? « Le Confiteor de l'Artiste »




« C'est la contradiction qui donne la vie en littérature », Illusions perdues, Balzac


« Correspondances », Spleen et Idéal, IV, Les Fleurs du Mal, 1857 (sonnet) ; « L’Albatros » ; « Elévation », III ; « Les Phares », VI ; « La vie antérieure », XII ; « La Beauté », XVII ; « L’Idéal », XVIII ; « La Chevelure », XXIII ; « Harmonie du soir », XLVII ; « Le Flacon », XLVIII ; « L’Invitation au voyage », LIII ; « Moesta et errabunda », LXII ; « Spleen », LXXVIII ;


"Nuit étoilée" et mots rayonnants comme une "sempervive"



"Je fixais des vertiges", Rimbaud





"Nuit plénière où le rêve malgracieux ne clignote plus, garde-moi vivant ce que j'aime", René Char



« L'art ne reproduit pas le visible, il rend visible », Paul Klee


Littérature et engagement : portraits et autoportraits à travers les âges et les genres


« L'art n'est pas une question de technique mais de vision », Proust, Le Temps retrouvé

LE ROMAN, LE THEATRE, LA POESIE en perspective croisée avec l'argumentation et les mouvements littéraires


Les moralistes du XVIIème siècle :

Les portraits de La Bruyère, les fables de La Fontaine, le comique de caractère des comédies de Molière,

l'hybris des héros cornéliens et raciniens


Visions de l'homme et du monde dans "La Comédie humaine" de Balzac :

Le Père Goriot, un roman d'apprentissage ?


Poésie et engagement chez les poètes du XIXème siècle :

Baudelaire et Rimbaud, poètes symbolistes ?


"Amant alternae Camenae", Virgile

(intertextualité et singularité des textes littéraires)


2 textes au choix seront proposés.

10 mn de préparation (à partir d'une question sur le texte choisi) + 10 minutes d'exposé oral


Textes présentés :


L'argumentation indirecte : l'éloge et le blâme (entre caricature et satire)

Le portrait d'Arrias, La Bruyère (p. 328)

Le Rat qui s'est retiré du monde, La Fontaine


Le théâtre (comédie et tragédie) : un « champ de forces »

Le monologue d'Emilie : I, 1, Cinna, Corneille

Britannicus, Racine : II, 6

La tirade de Dom Juan, Molière : V, 2 (p.76)

Tartuffe, Molière : I, 4


Poésie et engagement : les fonctions du poète et de la poésie

"L'Albatros", Baudelaire

"Le Dormeur du val", Rimbaud


Le roman et ses personnages (visions de l'homme et du monde) : Le Père Goriot de Balzac, un roman d'apprentissage du XIXème siècle

L'incipit : le premier paragraphe

Le portrait de Madame Vauquer : de "Cette pièce est dans tout son lustre" à "et fait pressentir les pensionnaires"

La tirade de Mme de Beauséant : de " -- Eh bien ! Monsieur de Rastignac" à " Nous autres femmes, nous avons nos batailles à livrer."

La fin du roman : à partir de "Les deux prêtres, l'enfant de choeur et le bedeau vinrent"



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Calendrier de révision des oraux


Semaine du 25 au 28 mai : le théâtre => étude des deux scènes de Molière ; révision des scènes de tragédie

Le théâtre (comédie et tragédie) : un « champ de forces »

La tirade de Dom Juan, Molière : V, 2 (p.76)

Tartuffe, Molière : I, 4

Le monologue d'Emilie : I, 1, Cinna, Corneille

Britannicus, Racine : II, 6



Mardi 25 mai : la tirade de Dom Juan, Molière : V, 2 (p.76) ; lire :I, 1 , 2 et 3 + apporter aussi Tartuffe et Le Père Goriot

Jeudi 26 mai : Tartuffe, Molière : I, 4

Vendredi 28 mai : révision des scènes de tragédie de Corneille à Racine

=> exposés : les mythes d'Oedipe et d'Antigone


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La conglobation, pour une dramaturgie heuristique, herméneutique, épistémologique de la lecture d'un texte littéraire :


"Tout est signe, et tout signe est message", Proust

"Nuit plénière où le rêve malgracieux ne clignote plus, garde-moi vivant ce que j'aime", René Char


La fleur de rhétorique : une sempervive" (Ronsard)

florilèges (ou anthologies) poétiques : www.tempoepoesie.blogspot.com

"Heureux celui qui peut d'une aile vigoureuse

S'élancer vers les champs lumineux et sereins

Celui dont les pensers, comme des alouettes,

Vers les cieux le matin prennent un libre essor,

Qui plane sur la vie, et comprend sans effort

Le langage des fleurs et des choses muettes !"

Baudelaire, "Elévation", "Spleen et Idéal", Les Fleurs du mal

"Ce qu'on dit au poète à propos des fleurs", Rimbaud (Poésies 1870-1871)


I. Quid ? Quis ? Ubi ? Quando ? Quomodo ?

Poétique générique et typologique : 1ère lecture découverte = 1ère hypothèse de lecture

Intertextualité et singularité du texte étudié : en quoi relève-t-il d'une identité générique et typologique commune avec d'autres textes d'un même mouvement littéraire ou de périodes différentes de la littérature ? En quoi se distingue-t-il des textes qui présentent les mêmes caractéristiques typologiques, génériques, esthétiques ?


2. Cur ? Quibus auxiliis ? Quomodo ?

Poétique critique : 2ème lecture découverte = 2ème hypothèse de lecture

Intertextualité et singularité du texte étudié : que dit le texte ? Comment et pourquoi ce texte-a-il été composé ? Quelles sont les principales lignes de convergence (effets de conglobation) ? Comment l'étude du dispositif artistique fait-elle apparaître des lignes de force dans la composition de ce texte, une adéquation entre une forme (au sens étymologique) et un sens (une orientation) ?

3. Cur ? Quis ? (3ème axe ou conclusion)

Poétique critique d'un artiste : quel est le style particulier de l'artiste ? son engagement artistique ? Comment cet engagement se manifeste-il dans une esthétique particulière ? Quel est son univers artistique ? Sa poétique repose-telle sur une éthique ? Cet engagement est-il en correspondance avec celui d'autres artistes d'une même génération ? En quoi est-il particulier ?

"Le style (...) est la révélation, qui serait impossible par des moyens directs et conscients, de la différence qualitative qu'il y a dans la façon dont nous apparaît le monde, différence qui, s'il n'y avait pas l'art, resterait le secret éternel de chacun."

Proust, Le Temps retrouvé

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"L'art ne reproduit pas le visible, il rend visible", Paul Klee


"La question de l'art véritable [...], c'était de retrouver, de ressaisir, de nous faire connaître cette réalité loin de laquelle nous vivons, de laquelle nous nous écartons de plus en plus au fur et à mesure que prend plus d'épaisseur et d'imperméabilité la connaissance conventionnelle que nous lui substituons, cette réalité que nous risquerions fort de mourir sans avoir connue et qui est tout simplement notre vie."


"La vraie vie est absente", Rimbaud


"Par l'art seulement nous pouvons sortir de nous, savoir ce que voit un autre de cet univers qui n'est pas le même que le nôtre, et dont les paysages nous seraient restés aussi inconnus que ceux qu'il peut y avoir dans la lune. Grâce à l'lart, au lieu de voir un seul monde, le nôtre, nous le voyons se multiplier, et autant qu'il y a d'artistes originaux, autant nous avons de mondes à notre disposition, plus différents les uns que ceux qui roulent dans l'infini et qui, bien des siècles après qu'est éteint le foyer dont il émanait, qu'il s'appelât Rembrandt ou Ver Meer, nous envoient encore leur rayon spécial."

Proust, Le Temps retrouvé


"Silence de l'oeuvre qui parle, parole de l'homme qui écoute"

Roland Barthes, Sur Racine

comme une "sempervive"...


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